En Arts Plastiques, nous avons beaucoup de liberté ; beaucoup plus qu'en architecture par exemple. Sachons en profiter.
Toutefois, il y a des règles, il y a des interdits, certaines choses ne se font pas.
Par exemple c'est un blasphème que de couper un personnage n'importe comment. Regardez comment j'ai coupé les pieds de ce brave homme :
Il faut une bonne raison pour créer un tel scandale. Voici ma réponse : il ne s'agit pas d'un portrait. D'ailleurs le monsieur n'existe pas. Ainsi il ne pourra pas se vexer. Il s'agit d'un homme imaginaire. Mieux que cela : il s'agit surtout d'une représentation du Yin-Yang : le tableau est coupé en deux par sa diagonale ; en haut à gauche, le noir, en bas à droite le blanc. Pour moi, il était très important que ce partage se fasse le plus nettement possible dans l'angle inférieur gauche. C'est pourquoi la jambe arrive dans l'angle, pour créer des triangles le plus nets possible. Je n'avais pas du tout envie de mettre mon bonhomme en position de danseuse sur les pointes. C'est donc le cadrage outrageant qui s'est imposé.
Autre exemple de ce qu'il ne faut pas faire : il ne faut pas mettre de point focal au milieu du tableau.
Mais qu'est-ce que j'ai fait là ! ! ! ? ? ? ....
Qu'est-ce que ce carré blanc fait en plein milieu de ma composition ?
Il faut d'abord que je vous dise que mon tableau s'intitule "L'échiquier du Diable". On commence déjà à sentir pourquoi on transgresse les interdits. En effet, en haut à gauche, au niveau de la genèse de l'histoire, l'échiquier est relativement sage et correct. Mais le Diable est vite intervenu pour foutre le b..., le bazar. Ne tentez pas de jouer avec lui, il est très mauvais joueur.
Les professeurs d'arts plastiques disent aussi : un tableau doit être homogène dans son écriture. Il est impensable d'avoir deux styles différents sur un même tableau. Ils disent même qu'une exposition doit être homogène, composée de tableaux cohérents entre eux.
Or, j'ai peint ceci :
Pourquoi y a-t-il deux écritures sur ce tableau ?
Tout simplement, pour une raison technique. Que s'est-il passé ? J'ai utilisé un premier tableau, qui représentait ici un déjeuner sur l'herbe ; et j'ai peint par dessus un autre sujet, un paysage aux deux cyprès.
Or, quand je peins un tableau par dessus un autre, je n'efface pas le premier entièrement. Au contraire, j'en laisse des traces, plus ou moins importantes.
Est-ce une aberration ? Vous avez le droit de le penser. D'ailleurs, j'aimerais bien savoir ce que vous pensez....
Voici un autre exemple d'un tableau avec deux écritures, et pourtant il ne s'agit pas de deux tableaux superposés :
Je l'ai intitulé "A quai". J'ai été inspiré par une promenade sur le port de Honfleur. C'était marée basse. J'étais face à un quai, un grand mur gris, avec, tout en bas, un petit bateau, et tout en haut, sur le quai, les promeneurs. Cela me faisait une composition avec un grand vide au milieu, et la vie rejetée en haut et en bas de la composition. J'ai choisi de traité le mur avec une écriture différente. Entre nous, si j'avais dessiné l'appareillage de pierres avec des joints noirs, comment auriez-vous trouvé un tel tableau ?
On peut se demander quel est le sujet ? Est-ce le bateau ? Les promeneurs ? La liaison entre les deux, avec cette échelle ? Ou est-ce le mur ?.......
J'attends vos réactions. Merci d'avance.
Cordialement, Yves Frémin
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