Pendant le confinement, j'ai réalisé un tableau que j'ai intitulé "Rideau d'incertitude". Puis, je l'ai retravaillé pendant le déconfinement pour devenir ce qu'il est aujourd'hui. J'ai intitulé cette deuxième version "Radeau d'incertitude". A une voyelle près, le concept a beaucoup changé ; il est passé du pessimisme à l'espérance. Dans ce tableau corrigé, la lumière est plus forte, et les couleurs sous-jacentes illustrent un bel espoir dans l'avenir.

Cet exemple illustre, par leurs titres comme par les compositions, que parfois, quelques détails, peuvent modifier la vision des choses.

Voici un autre exemple : le détail de mon tableau intitulé "Sous-bois"

Comme vous le devinez grâce au titre "Sous-bois", ce qui m'intéressait dans cette composition c'est la lumière, ou plus exactement, la quasi absence de lumière, la pénombre, représentée par cette couleur violette. Le détail qui change l'atmosphère c'est évidemment ce petit flash de lumière qui parvient à traverser le feuillage pour arriver jusqu'au sol.

Je vous présente maintenant un autre exemple, un tableau que j'ai intitulé "Où sont passées les oranges des Noëls d'antan ?"

Il s'agit d'une technique que j'affectionne particulièrement : je peins un nouveau tableau sur un ancien. Le premier était très coloré, avec des couleurs plutôt flashy, notamment des oranges. J'ai repeint par dessus en cachant beaucoup de ses couleurs vives, remplacées par des gris et des bleus. J'ai bien sûr, laisser apparaître par endroits les couleurs vives du premier tableau. Le thème, et donc le titre, sont venus naturellement : les oranges ont disparues, ou presque. Qu'en reste-t-il ? Est-ce que c'était mieux avant ? Je ne dis pas cela ; mais c'est effectivement une toile sur la nostalgie.

Ces touches orangées sont devenues petites, comme des détails, mais des détails très importants puisque ce sont des souvenirs, et que ce sont bien eux qui sont le sujet du tableau.

Je vous laisse réagir. A bientôt

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... grâce au trompe-l'œil bien sûr.

Vous savez que l'œil n'est qu'un outil qui transmet les informations visuelles au cerveau. C'est le cerveau qui analyse, décrypte, lit les images. C'est le cerveau qui est trompé par le trompe-l'œil. Mais ce serait évidemment trop humiliant de l'appeler "trompe-cerveau".

Je vous donne un exemple de tricherie : vous savez que, si l'on veut respecter les Règles de l'Art, deux couleurs ne doivent pas avoir la même surface. Il doit y avoir une couleur dominante, et une couleur secondaire. Les proportions peuvent varier. Elles peuvent être de deux tiers-un tiers, ou de 90%-10%. Jamais 50-50 !

C'est pourquoi je vous montre ce pot de fleur bleu :

pot bleu, extrait du tableau intitulé "A fleur de pot", que voici :

Vous voyez sur ce pot deux bleus, un bleu indigo, outremer, ou disons pour simplifier "marine", et un bleu cyan, beaucoup plus "flashy". Or, contre toute bienséance, les deux bleus sont de la même surface. Cela ne se fait pas. On s'attendrait à ce que le bleu marine soit dominant, et que le bleu cyan ne soit là que pour mettre le bleu marine en valeur.

On peut se demander si le vrai pot est bleu marine, et que le bleu cyan est un effet de lumière comme une surexposition, ou, au contraire, si le pot est bleu cyan, et que la partie bleu marine correspond à la partie dans l'ombre. Voire, on peut se demander si le pot est bicolore, constitué de ces deux bleus. Eh bien, peu importe ; cela n'a aucune importance. Ce qui compte ce sont ces deux couleurs de surface égale, ce qui ne devrait pas être.

Mais il y a tricherie.

Votre œil voit deux surfaces égales. Votre cerveau voit le bleu marine dominant.

Comment se fait-il berné ?

Tout d'abord, le bleu marine étant plus foncé que le bleu cyan, paraît plus dense, donc plus lourd, plus présent.

De plus, ces deux bleus sont sur fond blanc, ou gris très clair. En conséquence, le bleu marine crée un contraste plus grand que le bleu cyan sur la toile. Le bleu marine est plus bruyant.

Au niveau des formes : le bleu marine domine aussi son "adversaire" : il est plus agressif, il est plus rigide que le bleu cyan qui est plus rond. Le bleu marine vise le bleu cyan comme la pointe d'une lance.

Il le domine aussi en partie haute. Voyez cette ligne horizontale bleu marine qui chapeaute le bleu cyan.

Le bleu marine envahit aussi le bleu cyan en partie basse.

Le bleu cyan est cerné. Il est vaincu.

Et comme si cela ne suffisait pas.... Avez-vous remarqué que le pot est de trois couleurs (et non deux) ? Le bleu marine, le bleu cyan, et le gris. Or, ce gris, malgré la fausse piste du petit point bleu cyan, il n'y a aucun doute pour votre cerveau, ce gris c'est du bleu marine !

Et là, vous l'avez votre proportion deux tiers-un tiers : deux tiers de bleu marine, largement dominant pour un tiers de bleu cyan, largement dominé.

Voilà comment on peut tricher.

Nous n'avons pas le droit de faire cela. Eh bien nous le faisons quand même en faisant croire que les Règles sont bien respectées !

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En Arts Plastiques, nous avons beaucoup de liberté ; beaucoup plus qu'en architecture par exemple. Sachons en profiter.

Toutefois, il y a des règles, il y a des interdits, certaines choses ne se font pas.

Par exemple c'est un blasphème que de couper un personnage n'importe comment. Regardez comment j'ai coupé les pieds de ce brave homme :

Il faut une bonne raison pour créer un tel scandale. Voici ma réponse : il ne s'agit pas d'un portrait. D'ailleurs le monsieur n'existe pas. Ainsi il ne pourra pas se vexer. Il s'agit d'un homme imaginaire. Mieux que cela : il s'agit surtout d'une représentation du Yin-Yang : le tableau est coupé en deux par sa diagonale ; en haut à gauche, le noir, en bas à droite le blanc. Pour moi, il était très important que ce partage se fasse le plus nettement possible dans l'angle inférieur gauche. C'est pourquoi la jambe arrive dans l'angle, pour créer des triangles le plus nets possible. Je n'avais pas du tout envie de mettre mon bonhomme en position de danseuse sur les pointes. C'est donc le cadrage outrageant qui s'est imposé.

Autre exemple de ce qu'il ne faut pas faire : il ne faut pas mettre de point focal au milieu du tableau.

Mais qu'est-ce que j'ai fait là ! ! ! ? ? ? ....

Qu'est-ce que ce carré blanc fait en plein milieu de ma composition ?

Il faut d'abord que je vous dise que mon tableau s'intitule "L'échiquier du Diable". On commence déjà à sentir pourquoi on transgresse les interdits. En effet, en haut à gauche, au niveau de la genèse de l'histoire, l'échiquier est relativement sage et correct. Mais le Diable est vite intervenu pour foutre le b..., le bazar. Ne tentez pas de jouer avec lui, il est très mauvais joueur.

Les professeurs d'arts plastiques disent aussi : un tableau doit être homogène dans son écriture. Il est impensable d'avoir deux styles différents sur un même tableau. Ils disent même qu'une exposition doit être homogène, composée de tableaux cohérents entre eux.

Or, j'ai peint ceci :

Pourquoi y a-t-il deux écritures sur ce tableau ?

Tout simplement, pour une raison technique. Que s'est-il passé ? J'ai utilisé un premier tableau, qui représentait ici un déjeuner sur l'herbe ; et j'ai peint par dessus un autre sujet, un paysage aux deux cyprès.

Or, quand je peins un tableau par dessus un autre, je n'efface pas le premier entièrement. Au contraire, j'en laisse des traces, plus ou moins importantes.

Est-ce une aberration ? Vous avez le droit de le penser. D'ailleurs, j'aimerais bien savoir ce que vous pensez....

Voici un autre exemple d'un tableau avec deux écritures, et pourtant il ne s'agit pas de deux tableaux superposés :

Je l'ai intitulé "A quai". J'ai été inspiré par une promenade sur le port de Honfleur. C'était marée basse. J'étais face à un quai, un grand mur gris, avec, tout en bas, un petit bateau, et tout en haut, sur le quai, les promeneurs. Cela me faisait une composition avec un grand vide au milieu, et la vie rejetée en haut et en bas de la composition. J'ai choisi de traité le mur avec une écriture différente. Entre nous, si j'avais dessiné l'appareillage de pierres avec des joints noirs, comment auriez-vous trouvé un tel tableau ?

On peut se demander quel est le sujet ? Est-ce le bateau ? Les promeneurs ? La liaison entre les deux, avec cette échelle ? Ou est-ce le mur ?.......

J'attends vos réactions. Merci d'avance.

Cordialement, Yves Frémin

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