A travers mes contributions et travaux, j'ai -souvent- été amené à partager avec vous certaines de mes expériences, tant au niveau des encres utilisées que les autres matériaux. Je reviens dans ce post pour présenter mes différents et principaux outils de calligraphie et de calligraphie/peinture.
La multitude des outils est sans doute due à au résultat escompté, et certainement à l'oeuvre finale.
Pour la calligraphie arabe scripturale, il ne faut sans doute pas plus qu'une bonne encre, du bon papier et un bon calame bien taillé. Cependant, pour les autres expérimentations telles que les portraits ou aplats, j'ai eu recours à la peinture acrylique.Ainsi, l'expérience artistique s'enrichit de nouveau matériaux, qui apportent chacun, ses avantages et ses techniques propres. Techniques qu'il faut dompter et intégrer à la connaissance déjà acquise, sans oublier ou perdre de vue la démarche artistique adoptée.
Je ne perds jamais de vue, lors de mes travaux (figuration ou autre) le résultat final escompté. Comme je l'ai déjà dit, la technique calligraphique du maniement du Calame et des autres techniques ne sont pour certaines oeuvres que des outils et des ponts. Ainsi pour la figuration et le portrait, l'usage de la 'grammaire' calligraphique ne sert finalement qu'à projeter une vue intérieure et une représentation personnelle du sujet traité.
Il ne s'agit pas de reproduire fidèlement une expression (beaucoup de génies de la peinture et de la figuration ont apporté d'excellentes oeuvres) ou des traits de visage, mais plutôt de faire jaillir l'expression clé, l'aura du personnage à travers un petit chaos local, qui - et c'est là la difficulté de l'expérience - produit un ordre global et l'expression recherchée. Je reviendrai - inchAllah - sur cette approche dans mes prochains billets.
C'est quelque chose qui m'a toujours fasciné, tel un souvenir d'un visage dont on ne retient que l'essentiel. Malgré les années qui passent, quelque chose perdure, visuellement. Une expression métaphysique presque !C'est cet essentiel que mes expérimentations recherchent.
Mais il est parfois assez délectable de s'éloigner de cette voie 'artistique' que j'ai décidé de suivre, pour découvrir, par exemple dans l'expressionnisme, une démarche du même type. Ainsi, la vision en mouvement de Van Gogh qu'il exprima dans ses toiles est quelque chose qui m'interpelle au plus haut point ! J'y reviendrais sans doute un peu plus tard, inchAllah, dans mes travaux et réflexions.
Je vous livre, donc, les principaux outils qui me servent, si docilement, à la conception de mes travaux.
On commence par les encres. Comme mentionné dans plusieurs billets précèdents (brou de noix, encre ferro-gallique...), j'utilise trois sortes d'encre, selon leur procédé de fabrication :
Les encres industrielles
- L'encre de Chine, vendue dans le commerce. J'utilise plus spécialement l'encre de Chine Pébéo*
- Les encres colorées : argentées ou d'autres couleurs telles que le rouge, encre à base de brou de noix, encre bleue...
- Quelques expérimentations sur des matériaux non destinés à la calligraphie peuvent donner des encres, tel que le brou de noix en teinture pour le bois utilisée en tant qu'encre, ou bien le safran alimentaire et autre colorants.
Les encres fabriquées traditionnellement
- Encres carbone : fabriquées à base de noir de fumée, de suie. J'avais déjà expérimenté la fabrication de ces encres, et je posterais dans les prochains jours, inchAllah, le résultat de ma dernière encre noire fabrication maison. Le principe de fabrication est relativement simple : noir (de fumée, suie...) + liant (gomme arabique) + conservateur (comme le vinègre ou la pierre d'alun) + eau (eau distillée ou de pluie pour une meilleure consevation).
Vous trouverez l'un des procédé de fabrication ici : Fabrication de l'encre traditionnelle arabe.
- Encres ferro-galliques : ce sont des encres utilisées généralement en Europe, et que l'on trouve souvent dans les manuscrits du moyen âge européen. Ces encres donnent un rendu noir bleuté. L'inconvénient de ses encres est leur acidité qui attaque, avec le temps, le papier. C'est aussi l'une des caractéristiques recherchées dans les encres, c'est à dire leur non acidité. D'où mon admiration pour les encres dites 'arabes' car ne contenant pas, ou très peu de produits chimiques acides.
- Encres à base de tanin : a la différence des encres ferro-galliques, il n'y a pas d'ajout de sulfate de fer. Ainsi, l'encre donne une couleur brune et une rendue en transparence magnifique ! Les encres iraniennes brunes sont un exemple de cette excellence dont la fabrication perdure jusqu'à aujourd'hui en Iran (nation de plus de 5000 ans qu'une nation de 300 ans veut détruire, soit dit en passant) et dans certains pays limitrophes (Irak, Turquie...).
Plusieurs ingrédients peuvent être utilisés, comme la noix de galle, le brou de noie, le thé ou le café.
La peinture acrylique
Je m'en sers le plus souvent pour la production de portraits. Il faut cependant trouver le bon dossage en eau, afin de fludifier le tracé. Utilisée comme telle s'avère presque impossible puisqu'elle est assez dense et visqueuse.
Il en existe qui sont plus fluide, vous en trouverez dans les magazins spécialisés. Je vous déconseille d'en acheter en grande surface, car la qualité n'est pas au rendez-vous (dans un magazin où l'on achète des cacahuète, du désherbant et de la viande, il n'est pas étonnant que la qualité ne soit pas la première des qualités.
L'avantage de cette peinture réside dans son temps de séchage et la multitude de nuance que l'on peut obtenir. J'emprunte -ainsi- à cette discipline (peinture à l'acrylique ou à l'huile, sans rentrer dans ce débat) ses avantages :
- Temps de séchage rapide (attention à ne pas s'éterniser, d'où une bonne représentation de ce que l'on désire obtenir, avant le début du travail).
- Couleurs infinie (tubes utilisés comme tels ou mélangés à d'autres couleurs).
- On peut mélanger les couleurs entre elles.
- Utilisation instantanée, sans ajout d'autre produit comme pour la peinture à l'huile (huile de lin par exemple)....Plus de détails sur les avantages du recours à la peinture à l'acrylique.
Les outils d'écriture et de dessins
Le Calame
L'outil de prédilection est sa ns doute le Calame, que l'on peut trouver soit dans le commerce, soit en fabriquer un (le transformer plutôt).
Il y a une différence entre les calame de roseau que l'on trouve en Europe sur les abords des fleuves ou rivières et les calame qui viennent d'Iran ou des pays limitrophes. J'ai reçu dernièrement en cadeau certains de ces calames.
L'avantage indéniable à l'utilisation de ses calame iraniens bruns sont :
- Leur légerté.
- Leur dureté.
- Leur droiture.
Ils possèdent moins de noeuds, donc sont assez confortables à l'utilisation quotidienne.
On peu s'en procurer dans des boutiques en ligne hors UE (comme en Turquie) ou se les faire acheter en Iran (si vous connaissez quelqu'un qui y séjourne ou y va en touriste).
Pour les autres (calame à base de roseau cueillis ici en France ou en Europe), ils feront aussi l'affaire, à condition de bien les choisir et de bien les tailler. (Il faut s'exercer pour arriver à un résultat probant).
Les pinceaux
J'ai eu recours, ces derniers temps
à la peinture acrylique pour faire des applats de couleur, donc le recours au pinceaux a été indispensable. Ils peuvent, bien entendu, servir à la calligraphie arabe, mais dans ce cas il faut qu'ils soient plat et légèrement rigide, et une sacrée dose d'entrainement est nécessaire afin d'avoir des tracés fluide et précis !
Les plûmes métalliques
Il m'arrive parfois d'utiliser des plûmes métallique pour certaines oeuvres, comme celle-ci. L'avantage est que l'on a à disposition des plumes de différentes tailles et qui peuvent accueillir assez d'encre pour les traits qui requière, ce que j'appelle, un long trait à long souffle.
J'ai aussi recours quelque fois à ce que l'on appelle l'Automatic Pen, une sorte de plûme en argent avec deux embouts plats non soudés. Ils permettent d'avoir un tracé net, précis et propre.
Ce sont des plûmes utilisées le plus souvent pour la calligraphie latine ou le graphiti. Mais ont été utilisées par certains calligraphes, comme Julien Breton pour une adaptation vers la calligraphie arabe. Ses travaux sont disponibles ici (section : calligraphies sur papier).
On peut en trouver sur Internet (comme ici : Le comptoir des écritures, le Nouvel Encrier ou bien au Géant des beaux art ) et dans certaines boutiques spécialisées (je n'en ai pas trouvé en Avignon, chez les pricipaux fournisseur de fourniture d'art).
* Pébéo encre de Chine : code barre - 3167863160009