L'homme d'affairesIl se sait séduisant, se rêve chargé de gloires, |
Marie Grandmaître
Prose XI
Sans titreDébut d’amitié Emotion partagée Et si on se disait : « je garde en moi le brin d’or, |
Prose X
Elle
Je l’aimais absolument ,
Je voyais bien qu’elle essayait toujours de paraître gaie,
Elle forçait le trait parfois.
Je devinais derrière l’apparente légèreté un abîme de tristesses
Je ne comprenais pas,
Je ne comprenais pas.
Moi, j’étais là pourtant, je l’aimais, je pouvais la sauver,
Ma seule présence, pensais -je, devrait être une joie pour elle, comme la sienne l’est pour moi, immense.
L’enfant est confiant et simple,
La tristesse de sa mère dit autre chose,
Qui le dépasse, ne le concerne pas mais l’accable tout autant.
Le chagrin de la mère devient celui de l’enfant.
Le chagrin de la mère est indicible, il suinte derrière la joie,
Il gâche tout, il inquiète à jamais.
Pourquoi n’est-elle pas heureuse ?
J’ai peur qu’elle s’en aille, j’ai peur qu’elle se tue.
Cet abîme qu’elle me donnait à voir m’effarait
Je faisais semblant, même pas peur, mais cela me paniquait
Qu’allait-elle faire, avec un tel chagrin ?
Je prenais tout très au sérieux
Je m’inquiétais vraiment
Chaque mot qui l’éloignait de moi créait la peur
Je ne savais pas si c’était "vrai" ou s’il s’agissait du désespoir d’un soir.
Parfois son chagrin s’effaçait vraiment ,
Je me souviens de la joie ressentie alors,
Des déjeuners en campagne
Des vacances à la mer
Quelques soirs paisibles.
Elle n’avait rien de commun avec les autres mères,
Ses préoccupations étaient ailleurs,
Elle restait avec nous mais en rêvant d’autres choses
A notre retour du Brésil, lorsque j’avais sept ans, elle m’emmenait à l’école le matin
Je ressens encore le bonheur de ces marches rapides, matinales et chantées, je tenais sa main fermement.
Parfois, au sortir du sommeil l’après-midi, je revois ses sourires détendus,
Le gout de vivre au bord des lèvres
Elle aurait pu être une amie
Elle regrettait de ne pas être notre amie.
Souvent, le calme l’enveloppe dans la pièce des copies à corriger.
Quel orgueil fou, quel amour fou,
Peut-être invente-t-on sa mère ?
Je regrettais parfois qu’elle ne soit pas plus jolie,
plus « sexy » en fait, j’avais honte de cela.
J’avais souvent envie de lui dire, lui ai-je dit ?
« Laisse tout, quitte-nous mais sois heureuse »
Je me sentais presque coupable,
Aimante à en mourir, mais pourquoi ?
Ivre, prostrée et perdue dans ses pensées,
Le lendemain, elle renaissait et j’étais anéantie.
J’aurais cueilli en brassée toutes les fleurs du monde
Pour colorer son ciel et la voir apaisée
Elle portait déjà le chagrin de sa mère,
J’ai déposé là ce fardeau trop lourd pour moi,
Il m'écorche toujours le coeur.
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