Fabienne Monestier
Du goût des techniques et des matériaux en arts plastiques
Sensation, geste de la main qui trace. Crissement de la pierre noire sur le papier...Amour fou pour les crayons et les papiers... Délice de contempler un assortiment de tubes de peinture....Petit défi enfantin de laisser fièrement sur les mains et les doigts les traces de fusain, ou de pastel. Ne pas les effacer, pour que l'autre les voie, pour continuer à être relié, en phase avec soi, avec cette pratique picturale, plastique, artisanale qui magnifie mon existence.
Tous ces instants et détails qui font le bonheur d'un artiste en arts plastiques...
Je reviendrais parler longuement de ces petits moments insignifiants mais riches de plaisir pour un artiste....
le nu masculin
Pourquoi le nu masculin ?
Comme vous le verrez sur mon site officiel : www.fabienne-monestier.fr , dans ma peinture, je suis autant préoccupée par la représentation réaliste que fascinée par le “dramatisme » de la lumière. J´admire le Caravage et sa façon de sublimer la simple réalité. Comme au cinéma, ou à la scène, j’éclaire mes personnages de lumières violentes qui magnifient le réel, soulignant une musculature, une courbe, un angle, transformant une pose, ombres et lumières découpant les formes. Pour moi, le nu masculin se prête admirablement à cette violence et ce n’est pas un hasard. Je fais violence au corps des hommes de la même façon que « l’être homme » me questionne violemment, autant qu’il me séduit. A travers le corps de l’homme, je m’interroge sur l´intimité, l´altérité, le mystère de l´autre. J’interroge mon propre désir de cet autre à tout jamais différent de moi. Saisir le corps dans des gestes, des attitudes de tous les jours. Cadrer très serré pour singulariser ces micro-événements. Pas de portrait, la chair est anonyme. Rendre beau l´anodin.
Tant mieux. L’image de l’homme est en train de gagner en représentation. La société occidentale change, les regards ne se posent plus seulement sur le corps féminin. Il était temps. On semble découvrir que l’être masculin est aussi fait de chair, est tout autant admirable, mystérieux, fascinant, érotique, doux, plein de courbes et de rondeurs, paysage chargé d’émotion, puissant ou fragile, que l’a uniquement semblé être pendant des siècles le corps féminin.
Ce sont des corps d’homme que j’ai envie de voir, que j’ai envie de peindre, de dessiner, de représenter, de m’approprier. Car cet être de l’autre sexe est celui qui me fascine car il m’est étranger. Etant étranger, aiguisant ma curiosité, il en devient l’objet de mes désirs. M’étant différent, j’ai envie de le comprendre, de le rejoindre. Peut-être de le posséder…
Et là, à travers le corps de l’homme, je m’interroge sur la perception que j’ai d’autrui et de son humanité, sur l'intimité, l'altérité, le mystère de l'autre. Au-delà même de la sexualité, j’interroge surtout mon propre désir de cet autre à tout jamais autre. A tout jamais étranger à mon âme, à ma conscience. Amour, amitié, agapè, ne donnent que l’illusion de rejoindre l’autre. Car l’autre, quel que soit son sexe, est un abîme sans fond dans lequel on ne peut pas plonger. L’autre nous prouve l’absolue solitude de chaque âme.
Alors, pour combler ce manque inhérent à la conscience humaine, je saisis le corps avec mes yeux, mes crayons, mes pinceaux. Je me régale de gestes, de poses, d’attitudes, je capte sa vie palpitante sous la peau, je me délecte des paysages, creux, vallons et bosses de son anatomie. Je cadre très serré pour singulariser les micro-événements de son existence.
Et puis, j’aime le « dramatisme » de la lumière. Comme au cinéma, ou à la scène, mes personnages sont éclairés de lumière soulignant une musculature, une courbe, un angle, transformant une pose, les ombres découpant les formes.
Magnifier la réalité, ou plutôt, rendre à la chair sa vérité, sa sensualité. La chair, la vie, le désir. La beauté de l’homme, sa sensualité. Rendre hommage à la vie. Loin des guerriers et de la mort…